Au seuil de la porte
Je voulais rester comme j’étais,
immobile, comme le monde ne l’est jamais,
pas au cœur de l’été mais l’instant précédant
l’éclosion de la première fleur, l’instant
où rien ne s’est encore passé –
non pas au cœur de l’été, le stupéfiant,
mais au printemps tardif, l’herbe pas encore
haute au bord du jardin, les tulipes
pas encore tout à fait écloses –
comme un enfant hésitant au seuil de la porte, observant les autres,
ceux qui partent les premiers,
amas de membres roides, à l’affût de
l’échec des autres, à l’affût des hésitations publiques,
doué de l’implacable assurance des enfants avant l’attaque imminente,
s’apprêtant à vaincre
ces faiblesses, à ne succomber
à rien, l’instant juste
avant la floraison, l’ère de la maîtrise
avant l’apparition du don,
avant la possession.
Je voulais rester comme j’étais,
immobile, comme le monde ne l’est jamais,
pas au cœur de l’été mais l’instant précédant
l’éclosion de la première fleur, l’instant
où rien ne s’est encore passé –
non pas au cœur de l’été, le stupéfiant,
mais au printemps tardif, l’herbe pas encore
haute au bord du jardin, les tulipes
pas encore tout à fait écloses –
comme un enfant hésitant au seuil de la porte, observant les autres,
ceux qui partent les premiers,
amas de membres roides, à l’affût de
l’échec des autres, à l’affût des hésitations publiques,
doué de l’implacable assurance des enfants avant l’attaque imminente,
s’apprêtant à vaincre
ces faiblesses, à ne succomber
à rien, l’instant juste
avant la floraison, l’ère de la maîtrise
avant l’apparition du don,
avant la possession.
Louise Glück, The Wild Iris. New York : Ecco Press, 1992
Photo Louise Glück©



l’instant juste avant…
RépondreSupprimer"C'est alors en cette fin d'été que la vraie canicule enfin nous incendia !"
"Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les
RépondreSupprimerracines de la vie. " (Léopold Sédar SENGHOR )
@ ulysse... bel écho !
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