"J'aurai beau te dire que je n'aime plus le vent
la pluie
la pinçure aigre des petits matins d'hiver
J'aurai beau te dire qu'il y a quelque chose de nomade en moi
d'homme bleu qui sait lire les étoiles
J'aurai beau t'assurer que je me verrais bien comme Camus
dans sa maison devant le monde
à regarder la mer
Il ne faudra pas me croire tu sais
Il y aura toujours chez moi
ce goût pour un café dans un bistrot à la Simenon
pour un hôtel écossais délabré où la vieille et très élégante miss Simpson est seule
pour un glaçage de neige sur les rails qui fuient
pour une fêlure sur la place San Marco
pour un Bateau ivre où le patron en catogan est là depuis des siècles
J'aurai beau plisser les yeux
pour imaginer du côté d'Oran
où finit le sable et où commence la mer
Dans la caresse que le moucharabieh dessinerait sur ta peau
mes yeux chercheront toujours ton regard
pour y trouver l'éternité
de notre prochain voyage"

Dominique-Emmanuel Blanchard - Moucharabieh

Tableau Hélène Michel







Commentaires

  1. Elle est apparue au moment où la voix chantante du muezzin appelait à la prière du soir.

    D'abord, elle a semblé s'immobiliser à la verticale du
    Café des
    Nattes, mais un léger souffle l'a fait glisser sur son erre, et, l'espace d'une seconde, la ligne de ses ailes s'est confondue avec celle où la mer et le ciel se marient.

    Puis, reprenant sa descente, elle fut soudain la note mobile et sombre sur le blanc des murs et le bleu des moucharabieh.

    L'air commençait à sentir le jasmin, une brume tiède montait de
    Carthage, quand l'hirondelle plongea vers le port où elle redevint cette voile dont la magie du lieu lui avait, pour un temps, permis de quitter la forme.

    J.Orizet

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    1. @ulysse mais quel magnifique rebond !!! je ne connaissais pas du tout et c'est très beau.... merciii !!

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  2. trop ardente
    la faim repousse
    ce qui pourrait
    l'apaiser

    c'est par la fêlure
    que dedans et dehors
    mêlent leurs eaux

    si mes mots naissent
    de mon manque
    peut-être saurai-je
    parler à ta faim

    Charles Juliet,"Ce pays du silence", recueil paru aux éditions P.O.L en 1992

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    1. @ulysse....encore une petite merveille comme vous savez si bien les trouver ! Merciii !

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    2. Eh oui! Et même que
      "L'olivier le romarin la colombe
      Témoignent que l'herbe repousse
      Entre les pierres"

      Bonne année! Quand même…

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    3. @ulysse mais oui.... très Bonne Année à venir @ vous également.

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