On a dressé la table ronde
Sous la fraîcheur du cerisier.
Le miel fait les tartines blondes,
Un peu de ciel pleut dans le thé.
On oublie de chasser les guêpes
Tant on a le cœur généreux.
Les petits pains ont l’air de cèpes
Égarés sur la nappe bleue.
Dans l’or fondant des primevères,
Le vent joue avec un chevreau ;
Et le jour passe sous les saules,
Grave et lent comme une fermière
Qui porterait, sur son épaule,
Sa cruche pleine de lumière.
Maurice Carême
Tableau Claude Monet



Sur une assiette bien ronde en porcelaine réelle
RépondreSupprimerune pomme pose
Face à face avec elle
un peintre de la réalité
essaie vainement de peindre
la pomme telle qu’elle est
mais …etc…
@ulysse.... Prévert propose une jolie suite en effet! Merci encore pour ces rebonds qui m’enchantent !
SupprimerTu te souviens, Rousseau, du paysage aztèque,
RépondreSupprimerDes forêts où poussaient la mangue et l'ananas,
Des singes répandant tout le sang des pastèques
Et du blond empereur qu'on fusilla là-bas.
Les tableaux que tu peins, tu les vis au Mexique,
Un soleil rouge ornait le front des bananiers,
Et valeureux soldat, tu troquas ta tunique,
Contre le dolman bleu des braves douaniers.
Le malheur s'acharna sur ta progéniture
Tu perdis tes enfants et tes femmes aussi
Et te remarias avecque la peinture
Pour faire tes tableaux, enfants de ton esprit.
Nous sommes réunis pour célébrer ta gloire,
Ces vins qu'en ton honneur nous verse Picasso,
Buvons-les donc, puisque c'est l'heure de les boire
En criant tous en chœur : « Vive ! vive Rousseau ! »
O peintre glorieux de l'alme République
Ton nom est le drapeau des fiers Indépendants
Et dans le marbre blanc, issu du Pentélique,
On sculptera ta face, orgueil de notre temps.
Or sus ! que l'on se lève et qu'on choque les verres
Et que renaisse ici la française gaîté ;
Arrière noirs soucis, fuyez ô fronts sévères,
Je bois à mon Rousseau, je bois à sa santé !
Guillaume Apollinaire, Le Guetteur mélancolique, Gallimard, 1970 (« Poésie/Gallimard »)
@ulysse... j'adore ! merci !
Supprimer