La plus délicate des roses Est, à coup sûr, la rose-thé. Son bouton aux feuilles mi-closes De carmin à peine est teinté. On dirait une rose blanche Qu’aurait fait rougir de pudeur, En la lutinant sur la branche, Un papillon trop plein d’ardeur. Son tissu rose et diaphane De la chair a le velouté ; Auprès, tout incarnat se fane Ou prend de la vulgarité. Comme un teint aristocratique Noircit les fronts bruns de soleil, De ses soeurs elle rend rustique Le coloris chaud et vermeil. Mais, si votre main qui s’en joue, A quelque bal, pour son parfum, La rapproche de votre joue, Son frais éclat devient commun. Il n’est pas de rose assez tendre Sur la palette du printemps, Madame, pour oser prétendre Lutter contre vos dix-sept ans. La peau vaut mieux que le pétale, Et le sang pur d’un noble coeur Qui sur la jeunesse s’étale, De tous les roses est vainqueur ! Théophile GAUTIER

Commentaires

  1. Prends cette rose

    Prends cette rose aimable comme toi,
    Qui sers de rose aux roses les plus belles,
    Qui sers de fleur aux fleurs les plus nouvelles,
    Dont la senteur me ravit tout de moi.

    Prends cette rose, et ensemble reçoi
    Dedans ton sein mon cœur qui n’a point d’ailes :
    Il est constant, et cent plaies cruelles
    N’ont empêché qu’il ne gardât sa foi.

    La rose et moi différons d’une chose :
    Un soleil voit naître et mourir la rose,
    Mille Soleils ont vu naître m’amour.

    Dont l’action jamais ne se repose.
    Que plût à Dieu que telle amour enclose,
    Comme une fleur, ne m’eût duré qu’un jour.

    Pierre de Ronsard

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    1. @Ulysse merci.... un classique toujours très actuel.

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