Vous je ne vous regarde pas ma vie non plus ne vous regarde pas 
J’aime ce que j’aime et cela seul me regarde et me voit 
J’aime ceux que j’aime je les regarde ils m’en donnent droit.

Jacques Prévert - La pluie et le beau temps 





Commentaires

  1. Ce poème me regarde
    Et ne regarde que moi
    C’est entre lui et moi
    Les étrangers
    N’y comprendront rien

    Ce poème
    C’est le bruit
    D’un caillou qui tombe
    Dans la marre gluante
    Au fond de mon âme
    Vous ne l’entendez pas
    Mais son écho résonne
    En moi
    À tue-tête
    Ne le voyez-vous pas
    C’est un poème
    Aux bribes récursives
    Qui cherche un rivage
    Au fond de mon oreiller
    Pour me murmurer
    Des rêves et des mots
    À me crever le cœur
    Mais qui s’enfuit
    Chaque fois
    Que je veux le rançonner
    Et l’écrire dans ma chair
    Son destin
    Est lié au mien
    Je deviendrai ce poème
    Je n’y peux rien
    Et en attendant, je fais semblant
    Et je joue sur un piano mécanique
    Ainsi parfois, les jours de pluie
    Je l’amène le long du fleuve
    Et je lui fais entendre les chants d’oiseaux
    Je lui fais respirer les parfums maritimes
    Et il n’est pas rare
    Qu’il pleure dans sa corne de brume
    Et ses sanglots me laissent
    Inconsolable
    Ce tête à tête avec mon poème
    C’est tout ce qu’il me reste
    Je ne ressens plus rien d’autre
    Vous voyez, je vous l’avais dit
    Vous ne comprenez pas



    Deewoy, Poète tahitien

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